Une Confrérie, une âme, une barque

Les rappels ci-dessus le confirment clairement : Ouchy vit, et, parmi ses nombreuses animations, la diversité de ses habitants et de leurs activités, ses actives sociétés locales dont la Noble et Vénérable Confrérie des Pirates. Moi, la VAUDOISE,  je constitue bien, en tant que vaisseau amiral emblématique,un flambeau de cet esprit oscherin. Je viens de fêter mes 84 ans et, tenez-vous bien, j'ai été interviewé par le Journal d'Ouchy...

Journal d'Ouchy No 5   23 juin  2016

Le 2 juin dernier, la Vaudoise fêtait son 84ème anniversaire sans tambour, ni trompette. C'est en juin 1932 qu'elle sort du Chantier Naval de Bret-Locum ouvert en 1895 et fermé en 1938. Elle navigue et transporte des matériaux jusqu'en 1946 et c'est en 1948 qu'elle sera achetée par la Confrérie des Pirates d'Ouchy. Dès lors, elle continue ses cabotages sur le Léman en transportant des passagers avides d'une expérience de navigation inoubliable.

Interview  propos receuillis par Roland Grunder, Sénéchal et Chargé de Communication

JO : 84 ans, c'est un bel âge pour une barque du Léman, quel parcours depuis le Chantier naval et de la navigation sous le nom de la Violette ; quels souvenirs avez-vous de cette naissance ?

La Vaudoise : - Je me rappelle ma mise à l'eau en juin 1932. Je m'appelais la VIOLETTE, du nom de l'épouse de ma patronne, Violette Giroud, femme d'Eloi. A dire vrai, c'est Samuel et Hortense Giroud, les parents d'Eloi, qui m'ont commandé alors qu'il était au service militaire. Et je fus la dernière barque à voile construite à Bret-Locum pour effectuer du transport de marchandises.
Cette année-là, le 5 juin avait lieu le Grand Prix automobile d'Italie et le 18 juin la 10è édition des 24 heures du Mans, le même jour que la création à Genève de la FIBA (Fédération internationale de Basket-Ball). Le 6 juin, Henri Cochet gagnait Roland-Garros et le 23 juin, c'était la sortie des Films de Jean Renoir «Boudu sauvé des eaux » avec notre suisse Michel Simon dans le rôle du clochard. Puis un peu plus tard dans l'année « La Nuit du Carrefour » tiré du roman de Georges Simenon.
Mais encore, le 11 juin, Pierre de Coubertin, 1er Président du CIO, fête à Lausanne son 70ème anniversaire. Imaginez la coïncidence : il est l'un des amis intimes du Dr. Francis-Marius Messerli, le même qui va me racheter pour le compte de la Confrérie des Pirates d'Ouchy en 1948 et dont il sera le 1er Grand Patron, grâce notamment au soutien des communes vaudoises.

JO: Le développement des transports routiers et de chemin de fer ont sans doute signifié la fin des transports et la mort des barques du Léman ?

La Vaudoise : - Sans doute, et les années 40 furent difficiles. Mais j'ai eu beaucoup de chance. Alors que la plupart de mes consoeurs ont fini soit au fond du Léman, soit dans des fourneaux à bois, j'ai rencontré le Dr. Messerli, alors que j'étais en mauvais état. Il eut à coeur de me ramener à Lausanne, me faire racheter par la Confrérie des Pirates d'Ouchy, qu'il avait créé en 1934, et après une important restauration et la remise à l'eau, il m'offrit  une nouvelle vie destinée au transport de personnes, ce que je fais encore aujourd'hui.

JO: Depuis 1948, il y a eu des grands moments et des moments difficiles, des grandes joies et des peines ?

La Vaudoise : - En 68 ans, j'ai transporté plus de 200'000 personnes, j'ai sillonné le Léman de long en large, de port en port. J'ai navigué sur le Lac des 4 Cantons et sur l'Océan Atlantique à Brest. J'ai subi trois grandes restaurations et suis devenue Monument historique en 1979. Ma dernière très importante restauration en 2014/2015 me garantit ma navigabilité pour les prochaines 40 années (du moins je l'espère!), s'est vanté mon Grand Patron actuel. Mais j'ai aussi « usé » 8 Grands Patrons, 6 Syndics de la Commune Libre d'Ouchy, une « crâlée » de Patrons et une « épéclée » d'équipiers que l'on nommait bacounis à l'époque.

JO: Les fêtes, ça vous connait ! C'est presque votre pain quotidien ?

La Vaudoise : - Oui et je participe toujours pour le plus grand plaisir de ceux que je transporte. J'ai ainsi participé à 3 Fêtes des Vignerons et espère bien pouvoir me produire lors de la prochaine de 2019. C'est évidemment aussi l'occasion de transporter des « grands de ce monde », des VIP de partout, des politiciens de tous rangs, même le Conseil fédéral incorpore ou le Conseil d'Etat vaudois.
Je me souviens même d'avoir transporté Bacchus et sa suite et les 100 Suisses. Je viens aussi de participer à la magnifique Fête Fédérale de Musique à Montreux.
Chacun de mes anniversaires est évidemment l'occasion d'une fête, plus de 450 membres de la Confrérie peuvent en témoigner. Chaque année, lors de ma reprise de service de navigation, est l'occasion d'un Branle-Bas, resserrant les rangs des Pirates.

JO: Quelles sont vos souhaits pour l'avenir ?

La Vaudoise : - Je suis au centre d'une belle histoire d'amour entre les Pirates et moi, tout en étant la fiancée du Léman. Quoi de mieux que d'espérer que le rêve se poursuive encore longtemps.  Je dois aussi lancer un appel aux équipiers de demain, aux futurs patrons pour poursuivre mes 150 navigations annuelles.
Mais mon histoire d'amour est aussi avec mon public, mes vaudoises et mes vaudois, mes oscherines et mes oscherins. Je veux rester leur symbole, marquer leur vie, leurs loisirs en les encourageant de faire un bout de lac avec moi. Pour une fois qu'une belle histoire d'amour peut se vivre à plusieurs sans arrière-pensée.  Et pour tout cela je vous dis : merci et à bientôt sur la Vaudoise.

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